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Disparition de Ramon MARTOS SANCHEZ et de Rosario CUETOS CRUZ fin 1983 début 1984

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Disparition de Ramon MARTOS SANCHEZ et de Rosario CUETOS CRUZ fin 1983 début 1984 Empty Disparition de Ramon MARTOS SANCHEZ et de Rosario CUETOS CRUZ fin 1983 début 1984

Message par Mittie Ven 29 Oct - 16:49

Une affaire hors normes, que nous sommes quelques bénévoles à essayer de médiatiser :

Le 22 avril 1984, dans la gare de France à Barcelone, sont découverts 3 jeunes enfants qui disent être : Ramon 6 ans, Richard 4 ans et Elvira 2 ans.
Les enfants sont correctement habillés, propres, dents brossées, bien nourris, aucune trace de sévices.
Ils ne connaissent pas leur nom de famille, et disent n’avoir jamais été scolarisés.
Ils ne parlent que le français, à l’exception de quelques mots d’espagnol pour l’aîné.
Ils racontent avoir vécu à Paris et avoir été déposés dans cette gare par un dénommé Denis, qui est un ami de leur père, et à qui celui-ci les a confiés quelques jours auparavant.
Leur mère ne vivait plus avec eux depuis quelque temps, mais les enfants ne peuvent pas donner de durée précise (semaines ou mois).

Les enfants ont été confiés aux services sociaux, puis à un couple qui a pu les adopter officiellement 2 ans après.
Il n’y a eu aucune médiatisation en Espagne, à part quelques affichettes apposées dans Barcelone.

Ramon, Richard et Elvira ont lancé il y a quelques mois un appel à témoins sur les réseaux sociaux en France, et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à plusieurs bénévoles à les aider.
Ils ont fait chacun un test ADN qui a confirmé qu’ils étaient bien frères et sœur.
Le test ADN a fait ressortir des cousinages suffisamment proches, pour qu’en moins de deux mois, nous arrivions à retrouver leurs familles paternelle et maternelle, en Espagne.

Les deux familles n’avaient plus de nouvelles des parents des enfants depuis 1983, et étaient très inquiètes à leur sujet, les croyant tous morts. Les grands-parents sont décédés sans savoir ce qu’il était advenu, et le sort des parents des enfants reste à ce jour un mystère.

Le père s'appelait Ramon MARTOS SANCHEZ, et la mère, Rosario CUETOS CRUZ. Ils étaient cependant susceptibles d'utiliser de fausses identités, telles que REBOLLO ou BOZAS.
En effet, le père se livrait à des cambriolages et des braquages. Il possédait des armes et changeait très souvent de voitures, souvent luxueuses (Jaguar).
La famille voyageait souvent en Belgique, Suisse, Espagne, et peut-être d'autres pays.
Le père a évoqué, en 1982-1983, vouloir faire un dernier « gros coup » avant de disparaître. De fait, la famille n’a plus eu de nouvelles de personne dès le printemps 1983.
Nous avons pu retrouver l'acte de naissance de la petite fille, Elvira, sous le nom de CUETOS CRUZ, en décembre 1981 à Paris. L'adresse des parents était le 87 rue Pouchet dans le 17è arrondissement.

Autres informations qui peuvent être utiles :
Ramon et Rosario sont arrivés en France en 1977, alors que Rosario était enceinte de Ramon.
Le père était un ancien acrobate de cirque, ce qui lui a permis de réaliser certains cambriolages audacieux.
Aux dires de la famille, il ne s'est jamais fait arrêter pendant la période 1977-1983 (il a commis d'autres délits en Espagne avant 1977, nous avons des articles de presse à ce sujet).
Il était atteint de tuberculose à un stade avancé en 1983.

Voici un article en catalan, un des rares que nous ayons pu faire publier jusqu'à présent : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Notre petite équipe de bénévoles, avec Ramon, Richard et Elvira, avons créé une page Facebook destinée à recueillir d'éventuels témoignages : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Merci de votre aide et de vos idées pour résoudre ce mystère.

Mittie


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Message par Mittie Dim 7 Nov - 17:10

Transcription d'un article en catalan du 5 novembre 2021, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Elvira, abandonnée il y a 37 ans à la gare de France à Barcelone, découvre qui sont ses parents.

Quand elle avait deux ans, Elvira Moral a été abandonnée à la gare de France à Barcelone avec ses deux frères aînés : Ricard , qui avait 4 ans, et Ramon , qui avait 6 ans. C'était le 22 avril 1984 et la police n'a jamais retrouvé les parents de ces enfants.
Il n'y avait pas trop d'indices. Aucun des trois enfants ne connaissait le nom ou le nom de famille des parents . Ils ne pouvaient pas non plus établir le jour de leur naissance, ni où, parce qu'ils n'avaient sur eux aucun document. Le temps passe et personne ne revendique ces enfants , qui finiront d'abord dans une famille d'accueil puis adoptés par un couple d'enseignants.
En 2020, à la suite du confinement et de sa propre maternité, Elvira décide de se lancer à la recherche de ses parents biologiques .
Elle demande à ses frères plus âgés de lui dire tout ce dont ils se souviennent. Ils savent qu'ils ont été emmenés à la gare dans une voiture blanche et conduits par un homme du nom de Denis, mais ils sont sûrs qu'il n'était pas leur père, mais un ami de la famille . Le frère aîné se souvient aussi très bien de la rue où ils vivaient à Paris , d'où l' on apercevait une jambe de la Tour Eiffel . Que les parents voyageaient beaucoup et qu'ils conduisaient des voitures de luxe. Et un autre détail : il lui semble qu'à la maison il y avait des fusils , il ne peut assurer qu'ils soient réels ou factices.
Après avoir rassemblé toutes les informations qu'elle pouvait, il arrive un moment où l'enquête stagne. Elvira décide de l'expliquer à la radio. Le 22 mars 2021, une conversation est diffusée avec Maria Xinxó, sur RAC1 . Depuis ce jour, elle n'a cessé de recevoir des messages qui l'ont aidée à ouvrir de nouvelles portes dans sa quête.
Aujourd'hui, sept mois après cet entretien, 37 ans après avoir été abandonnée à la gare de France à Barcelone, Elvira a découvert qui sont ses parents .
"Le nom de mon père est Ramón et il est de Séville. Le nom de ma mère est Rosario et elle est de Madrid. Ils ont tous deux déménagé à Paris."
Une autre question dans la vie d'Elvira était sa date de naissance . Jusqu'à ce jour, elle avait fêté son anniversaire le même jour que son saint, le 25 janvier. Elle ne savait pas non plus où elle était née. Maintenant elle sait.
"J'ai retrouvé mon acte de naissance : à Paris, le 29 décembre 1981"
De nombreuses personnes ont participé à cette enquête de manière altruiste , mais il y en a deux qui ont joué un rôle très important : Montse del Río , médecin légiste et criminologue, qui a conseillé et accompagné Elvira dans le processus de recherche ; et Carmen Pastor , une femme passionnée de criminologie.
"Carmen, avant de me contacter, avait déjà réalisé une publication en français qui a touché 16 000 personnes. De là, beaucoup de gens se sont mis à flâner dans le centre de Paris, pour localiser où notre logement aurait pu être"
Elvira avait également ouvert une autre voie de recherche : les banques d'ADN . Elle l'avait fait pour trouver une personne avec des coïncidences génétiques, mais elle n'avait pas réussi à en contacter. Carmen l'a aussi compris. De là, ils discutent avec un proche, un autre et un autre, jusqu'à ce qu'une personne leur assure que la disparition de trois enfants dans leur famille correspond . Par le bouche à oreille, ils finissent par trouver les tantes d'Elvira et organisent une réunion.
"C'était horriblement choquant. Ils avaient beaucoup de photos de nous et de leurs parents. Mon frère aîné s'est rappelé : « Cette fille avec qui tu jouais ? C'est ta cousine"
"En regardant toutes ces photos, j'en déduis qu'il y avait beaucoup d'amour dans notre famille"
Ils localisent la famille proche, mais leurs parents sont toujours portés disparus . Les tantes ne savent pas où ils sont, pour le moment. En fait, ils ne savent pas s'ils sont vivants ou morts.
"Lorsque j'ai parlé au téléphone avec une de mes tantes, elle m'a demandé où étaient mes parents. Je me suis figée parce que j'ai pensé : 'Tu dois me dire ceci.'
Nous ne savons pas si mes parents sont vivants ou morts. Leur âge... ils auraient environ 74 ans"
L'autre question qui reste à résoudre est de savoir pourquoi ils ont abandonné les trois enfants de cette manière et ont disparu sans laisser de trace. D'après ce qu'ils ont pu découvrir, il est possible qu'ils se soient livrés à la contrefaçon de monnaie et de papiers. Tout cela suggère qu'ils auraient laissé leurs enfants pour les protéger d'un danger et qu'ils ont changé d'identité .
"J'aimerais les retrouver, pour qu'ils m'expliquent, en personne, pourquoi ils nous ont laissés à la gare de France à Barcelone."

Une transcription de l'interview audio, avec plus de détails, sera prochainement réalisée.

Mittie


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Message par Kassandra88 Dim 7 Nov - 17:21

Bonjour Mittie,
J'espère que cette page sera lue et que de nouveaux témoignages pourront aider Elvira, Ricard et Ramon à retrouver la trace de leurs parents.
Kassandra88
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Message par Sortcière Dim 7 Nov - 21:53

Bonsoir,

Un dernier gros coup qui aurait mal tourné ? difficile à retrouver si on ne sait pas dans quel Pays.
Une hospitalisation suivie d'un décès ? "Il était atteint de tuberculose à un stade avancé en 1983."
Il doit y avoir une raison au choix du lieu où les enfants ont été abandonnés. Quelqu'un (leur mère ?) n'a peut-être pas pu se rendre au rendez-vous ?
C'est le dénommé "Denis, qui est un ami de leur père, et à qui celui-ci les a confiés quelques jours auparavant" qu'il faudrait retrouver.
Sortcière
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Message par Mittie Mar 9 Nov - 14:28

Bonsoir Sortciere,
En effet, les deux pistes les plus probables sont le règlement de comptes ou/et le décès sous un nom d'emprunt.
Nous concentrons nos recherches sur le fameux Denis.
A noter que les enfants se souviennent être restés quelques jours chez Denis, et que celui-ci avait une femme et des enfants (d'autres témoins possibles donc).
Le choix de Barcelone s'explique par le fait que Ramon avait sa mère dans cette ville.
Si Ramon avait demandé à Denis de mettre les enfants en sécurité à Barcelone, on peut supposer qu'il lui aurait donné l'adresse exacte de sa mère (dans le quartier de la Horta).
Donc soit Denis n'a pas osé déposer les enfants à la bonne adresse, craignant des questions, et a préféré les abandonner dans un endroit fréquenté, pensant que leur abandon serait médiatisé et que la grand-mère se manifesterait.
Soit Denis savait juste que les enfants avaient de la famille à Barcelone, et, ayant appris qu'il était arrivé malheur à Ramon, les y a déposés en catastrophe.
Quant à ce qui est arrivé à Rosario ... beaucoup de possibilités (séparation, fuite, enlèvement, assassinat ?)

Mittie


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Message par Kassandra88 Mar 8 Fév - 10:06

2022

Bonjour Mittie,
Je pense que cet article du Parisien correspond à la disparition d'Eliva, Ricard et Ramon.

Enfants abandonnés en 1984 : le mystère des trois orphelins espagnols passe par Paris
Abandonnés il y a près de quarante ans à Barcelone, une sœur et ses deux frères ont découvert il y a quelques mois leur véritable nom, et que leur famille avait vécu à Paris. C’est là que se perd la trace de leur mère et de leur père, un bandit accompli. La fratrie lance aujourd’hui un appel à témoins.

Par Nicolas Jacquard, notre envoyé spécial à Barcelone (Espagne)
Le 8 février 2022 à 06h43
L’« estación de Francia », à Barcelone, est une belle endormie. Ses coupoles Art déco ne voient plus passer que des trains de banlieue, loin des fastes d’antan et des attelages venus du Nord qui ont donné son nom à « la gare de France ». Ce 22 avril 1984, les trois gamins qui s’amusent à sauter des marchepieds comme d’un plongeoir passent inaperçus de la foule des voyageurs. Jusqu’à ce qu’un machiniste s’en étonne, et se mette en quête de l’adulte ayant la responsabilité du trio. Il ne le trouvera jamais.
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Si Tristann peut nous poster la suite.
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Message par Kassandra88 Mar 8 Fév - 10:13

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Message par Mittie Mar 8 Fév - 12:35

Merci Kassandra, tu as été plus rapide que moi !
Voici le texte intégral :
L’« estación de Francia », à Barcelone, est une belle endormie. Ses coupoles Art déco ne voient plus passer que des trains de banlieue, loin des fastes d’antan et des attelages venus du Nord qui ont donné son nom à « la gare de France ». Ce 22 avril 1984, les trois gamins qui s’amusent à sauter des marchepieds comme d’un plongeoir passent inaperçus de la foule des voyageurs. Jusqu’à ce qu’un machiniste s’en étonne, et se mette en quête de l’adulte ayant la responsabilité du trio. Il ne le trouvera jamais.

Elvira, Ricard et Ramon, dont les âges seront respectivement estimés à 2, 4 et 6 ans, sont désespérément seuls. C’est Denis, un ami de leurs parents, qui les a amenés là dans une rutilante Mercedes blanche, précise l’aîné. Il leur a dit qu’il partait leur acheter des bonbons. Il n’est jamais revenu.

Ramon a la mémoire des berlines, mais malheureusement pas celle de son nom de famille, ni même des prénoms de ses parents. Ils sont juste « maman » et « papa », dans la langue de Molière. C’est la seule que maîtrisent les trois enfants, Ramon baragouinant en complément quelques mots d’espagnol. Un premier rapport de police décrit la fratrie comme « correctement habillée, propre, les dents brossées, bien nourrie et sans aucune marque de sévices.
Le trio est placé dans un centre d’accueil, dont les coordonnées sont mentionnées sur l’avis de recherche placardé dans le secteur de la gare : « Se necesita información de estos niños. Si los conocéis, avisar. » Soit, en français : « Des informations sur ces enfants sont nécessaires. Si vous les reconnaissez, faites-le savoir. » Le téléphone reste muet. Interpol et toutes les polices espagnoles auraient été informés, sans plus de succès. Impossible de raccrocher à ces enfants leur passé amputé, dont tout porte à croire qu’il s’est noué en France, même si la fratrie unanime assure que ce 22 avril, le voyage jusqu’à Barcelone a été relativement court.
L’enquête en est réduite aux souvenirs de Ramon, forcément parcellaires. Il raconte avoir vécu à Paris, où il n’aurait jamais été scolarisé. Du haut de ses six ans, il explique que depuis son appartement, il voyait « une jambe de la tour Eiffel ». Il se rappelle également cette fontaine, sous le jet d’eau horizontal de laquelle il jouait à se faufiler. Et aussi le magasin de jouets dans lequel il voulait toujours rentrer. Comment oublier l’énorme crocodile qui pendait au plafond ?

En se creusant la mémoire, Ramon se souvient d’un autre jouet : ce pistolet avec lequel il avait un jour tiré sur Ricard. À bien y réfléchir, et au regard de l’intensité de l’engueulade parentale, il se demande si ce n’était pas un vrai. Enfin, dans ce puzzle qui n’en est pas encore vraiment un, il se remémore la profession de son père. À un éducateur du centre d’accueil où la fratrie est placée, Ramon confie que son papa fabriquait de l’argent, ou alors des timbres, il ne sait plus très bien. Dans les deux cas, il y a fort à parier qu’ils ont été contrefaits. Autant d’éléments qui, même tordus dans tous les sens, ne mènent alors qu’à une véritable impasse.
Adoptés par un couple
Les autorités espagnoles en prennent acte. Le 10 juin 1986, les enfants quittent l’orphelinat. Ils sont officiellement adoptés par Maria et Luis. Auprès du couple aimant formé par ce professeur et cette psychologue, ils recréent la famille qu’ils n’ont plus. « Mes vrais parents, ce sont eux, et ils le resteront toujours », martèle Elvira. Elle-même est devenue enseignante, comme l’un de ses frères, l’autre travaillant dans l’informatique.
S’ils avancent dans la vie, la page blanche de leurs origines continue de les hanter. Toutes ces années, ni Elvira ni ses frères n’ont une date d’anniversaire à fêter. Faute de mieux, on les célèbre le jour du saint de leur prénom, le 25 janvier pour Elvira.

Avec la fratrie, ses parents adoptifs savent qu’ils ont hérité de son énigmatique passé. Dans cette famille ouverte, cette béance biographique n’est pas taboue. Un séjour à Paris est même l’occasion de tenter de la combler, l’année des dix ans d’Elvira. Mais les trois frères et sœurs ont beau chercher les traces de leur probable vécu dans la capitale française, cela ne le fait pas pour autant remonter à la surface. Elvira devient maman en 2014. Cette maternité la met face à son désert généalogique, qui chaque jour l’appelle un peu plus. Arrive le confinement au printemps 2020, et cette résolution qu’elle se fait de tout mettre en œuvre pour percer le mystère.
Un test ADN donne des réponses
Un premier appel à témoins est lancé sur les réseaux sociaux, rapidement relayé. Des bénévoles, touchés par l’histoire, se fédèrent, en Espagne mais aussi en France. Parmi eux : Carmen Pastor et Montse del Rio, médecin légiste et criminologue catalane, mais aussi Marie et Sylvia Carvalho Parra, deux généalogistes françaises, amatrice pour la première, professionnelle pour la seconde. Toutes savent qu’un prélèvement ADN constitue une première étape incontournable.
Effectué début 2021, il prouve d’abord, s’il en était besoin, qu’Elvira et ses frères sont bien nés de la même mère et du même père. Quelques semaines plus tard, une concordance génétique est établie avec ce qui semble être de lointains cousins espagnols. Le contact est pris. L’un d’eux se souvient que dans l’une des branches de sa famille, un couple et ses trois enfants auraient disparu il y a plusieurs décennies.

Un rendez-vous est organisé avec ceux-là, en mai 2021. La rencontre est « un choc immense », selon les mots d’Elvira. La fratrie se découvre une famille nombreuse, constituée d’une flopée de tantes, d’oncles et de cousins. Chez certains d’entre eux trônent, nombreuses, les photos du premier âge d’Elvira et ses frères. Tous les clichés ou presque les montrent accompagnés… de leurs parents.
Leur mère s’appelle Rosario Cuetos Cruz, née dans une fratrie de neuf frères et sœurs le 1er mars 1949 à Madrid. Leur père, Ramon Martos Sanchez, serait lui aussi né en 1949, mais à Séville, selon les fichiers de police. « El canijo », son surnom, a gravi quatre à quatre les échelons de la « voyoucratie ». Arrêté une première fois à 19 ans à Barcelone, il a fait ses armes dans la délinquance comme braqueur, puis suivi le chemin tracé par son frère aîné. Paulino « Pepe » Martos Sanchez, dit aussi « el Japones », goûte déjà aux prisons françaises — Fresnes (Val-de-Marne) et la Santé (Paris XIVe) — au milieu des années 1970.
Fin 1977, Ramon tire sur un garde civil dans les environs de Séville. Avec sa femme, ils fuient aussitôt direction Paris. Lui prend soin de voyager sous des noms d’emprunt, dont celui de Felipe Rebollo Cruz. Le couple s’installe chez une sœur de Ramon à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), avant de prendre son indépendance. À Belleville (Paris), le fugitif fait d’un petit restaurant de la rue Denoyez, dans le XXe, son auberge espagnole.

Toutes ces informations, Elvira les tient de ses oncles et tantes. « Malheureusement, les années ont passé, et leurs souvenirs sont parfois flous ou contradictoires, soupire-t-elle. Ceux qui en savaient le plus, au premier rang desquels mes grands-parents, sont aujourd’hui décédés. » Ces grands-parents n’auront jamais su ce qu’il était advenu de leurs petits-enfants. Les dernières nouvelles de Ramon et Rosario remontent à mai 1983. À partir de là, ils ne donneront plus jamais signe de vie. « Chaque année, ils appelaient leurs familles en Espagne pour Noël, détaille Elvira. Mais à Noël 1983, ils ne l’ont pas fait. »
«Un dernier gros coup avant de disparaître»
Paulino, le frère de Ramon, a entretemps été extradé en Espagne depuis la France pour y purger sa fin de peine. Sitôt libéré, au milieu des années 1980, il se lance sur la piste de la famille évaporée et revient à Paris. Il commence par faire le point avec ceux du « clan » qui y vivent. Il apprend que Ramon, sur le ton de la confidence, leur a annoncé vouloir faire « un dernier gros coup avant de disparaître ». Aurait-il mal tourné ? De quoi s’agissait-il ?
Question banditisme, El canijo a toujours été multicarte. Ancien artiste de cirque, excellent acrobate, il aurait été un cambrioleur émérite. Dans ces années parisiennes, certains proches racontent l’avoir vu avec des glacières de plage remplies de bijoux. Il aurait pu avoir aussi trempé dans du trafic d’armes, voire de stupéfiants. C’est ce que pourrait porter à croire le voyage de Paulino jusqu’en Colombie, où une rumeur disait que Ramon avait des attaches. « Là encore, l’oncle est revenu bredouille, explique Sylvia, la généalogiste. Il nous manque encore l’essentiel : que sont devenus Rosario et Ramon ? »

Pour le savoir, les enquêteurs qui épaulent Elvira et les siens ne comptent pas leurs efforts. « Quand j’ai découvert cette histoire en mars 2021, elle m’a littéralement happée », reconnaît Marie, qui vit dans le centre de la France. Via un travail de terrain ou grâce aux banques de données, elle et ses camarades se sont lancés dans de fastidieuses recherches. En priorité, elles visent à mettre la main sur les actes de naissance des enfants. Celui d’Elvira a pu être déniché récemment. Elle est bien née à Paris, plus précisément à l’hôpital Bichat, dans le XVIIIe arrondissement, le 29 décembre 1981. « C’était très émouvant de pouvoir lui offrir de connaître sa date et son lieu de naissance », se réjouit Marie.
D’autres sources indiquent que la petite fille a été uniquement déclarée par sa mère, laquelle aurait alors donné comme lieu de résidence une adresse rue Pouchet, dans le XVIIe. Sur place, il n’y a que les cages d’escalier de l’immeuble concerné qui ne semblent pas avoir changé. Pour le reste, les vagues migratoires se sont succédé. Mondialisation oblige, les Espagnols ont depuis longtemps cédé la place à d’autres nationalités.

Une poignée de sympathiques vieilles dames habitaient déjà le bâtiment dans les années 1980. La mémoire de l’une d’elles, nonagénaire, a beau être impressionnante de précision, elle n’a aucun souvenir de trois enfants d’origine espagnole qui auraient pu vivre ici. Les dénégations sont identiques du côté des médecins généralistes du secteur. Pourtant, Ramon, le père, devait être obligatoirement suivi médicalement, car affecté d’une tuberculose qui l’avait obligé, au début des années 1980, à séjourner dans un sanatorium de banlieue. On note au passage que depuis cette partie de la rue, on distingue parfaitement la cime de la tour Eiffel, à défaut d’une jambe.
D’autres lieux de séjour ont pu être identifiés, avec certitude cette fois, grâce aux photos. Ces classiques clichés sépia, emblématiques de ces années-là, montrent une famille au mode de vie atypique. D’après les oncles et tantes, Rosario, Ramon et les enfants voyageaient beaucoup, y compris en avion, ce qui restait à l’époque rare et onéreux.

Côté voiture, ils se déplaçaient en modèles de luxe — on retrouve régulièrement une Jaguar en image —, le plus souvent en direction de la Suisse et surtout de la Belgique. Courant 1982, parents et enfants ont ainsi vécu dans un bungalow à Middelkerke, village côtier à côté d’Ostende, comme ont réussi à le repérer les bénévoles.

«Une histoire complexe et sombre»
Une à une, les cases de la vie d’avant d’Elvira et les siens se remplissent. Il en manque encore, même si les enquêteurs ont déjà atteint en peu de temps des résultats significatifs. « Nos efforts combinés sont efficaces, se félicite Sylvia. Mais il reste encore beaucoup de blancs à combler. » À commencer par les dates et lieux de naissance de Ricard et Ramon qui, d’après leur famille, seraient nés aux Lilas (Seine-Saint-Denis).

Fabrice Brault, un détective privé, s’est mis lui aussi bénévolement au service d’Elvira. « C’est une affaire très particulière, résume-t-il. Elle est romanesque, et très difficile aussi, du fait de sa dimension internationale. » Pour ce spécialiste de la recherche de parents d’enfants nés sous X, c’est ce qui en fait un véritable défi.
Avec ses collaborateurs, Fabrice Brault s’est lancé à l’assaut des mairies de l’est parisien pour tenter d’exhumer une trace officielle de la naissance des frères. Des jours à s’user les yeux sur les noms des nouveau-nés n’ont encore rien donné. « Il semblerait qu’ils soient nés à l’étranger, ou qu’ils ont été déclarés en France sous une fausse identité », envisage le détective.

Elvira et les siens n’ont eux-mêmes aucun droit pour s’enquérir de leur propre état civil, eux qui n’ont que leur nom d’adoption. Pour que des recherches puissent être légalement lancées, l’une de leurs cousines germaines, Manuela, a déposé plainte en Espagne début décembre et signalé officiellement la disparition de Ramon et Rosario, son oncle et sa tante. À l’époque, tout porte à croire que la famille ne l’avait pas fait afin d’éviter d’attirer l’attention.
Chaque jour, Elvira s’invente une nouvelle version de ce qu’il a pu advenir d’eux, prête à envisager le pire. Une piste un temps envisagée a été celle d’un lien avec le « milieu » lyonnais. Elle ne tient pas à grand-chose, juste à une suite de coïncidences qui n’en sont peut-être pas. C’est la mère adoptive d’Elvira qui a noté que, quelques semaines après que les orphelins ont été retrouvés, un parrain français du nom de Raymond Vaccarizi était abattu alors qu’il était incarcéré à la prison de Barcelone. Avec ses troupes, il avait établi l’un de ses quartiers généraux en Espagne dans une maison de l’Escala, non loin de la frontière française.

Ramon, le frère d’Elvira, s’y est rendu, et a cru reconnaître la maison ou les enfants auraient séjourné avant d’être emmenés à la gare. « C’est une histoire complexe et sombre, reconnaît Elvira. Mes frères me disent que je dois faire attention et que je ne sais pas sur quoi je peux tomber. La seule certitude que j’ai, c’est que nous avons été aimés par nos parents, et qu’ils ne nous auraient pas abandonnés s’ils avaient eu le choix. »

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Message par Mittie Ven 11 Fév - 22:16

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Message par Mittie Ven 22 Avr - 20:35

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