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L'assassinat de Peter Ikin , ancien patron de Warner Music

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Message par Lisetoct Lun 13 Juin - 9:10

RÉCIT Le 13 juin devait s’ouvrir aux assises le procès d’Alexandre Despallières. Mais l’homme soupçonné de l’assassinat de l’ancien patron de la Warner Peter Ikin est mort en janvier. Son ex-compagnon et complice présumé, Jérémy Bilien, poursuivi pour « usage de faux », en sera par défaut le principal accusé.Par Gaspard Dhellemmes / Le Monde


Pendant dix ans, Jérémy Bilien a été l’ombre portée d’Alexandre Despallières. Le compagnon, puis le meilleur ami et enfin le complice présumé de celui qui devait être jugé en juin pour l’assassinat de Peter Ikin, ancien patron de Warner Music. Mort en janvier, le « bel Alex » a échappé de justesse à son ­procès, au terme d’une instruction de plus d’une ­décennie au cours de laquelle, des Etats-Unis à l’Australie, en ­passant par l’Angleterre, les enquêteurs ont suivi la trace du dandy soupçonné d’être un grand manipulateur et un empoisonneur en série.

C’est donc Jérémy Bilien, aujourd’hui 40 ans, qui sera le protagoniste par défaut du « procès Despallières », qui débute lundi 13 juin aux assises à Paris. Au cours des deux jours d’audience contre les dix initialement prévus, Jérémy Bilien, accusé d’« usage de faux » et de « complicité d’usage de faux », devra s’expliquer sur son rôle dans la fabrication du testament qui aurait dû permettre à son ex-ami d’hériter de la fortune du magnat australien.
Alexandre Despallières et Jérémy Bilien se croisent au début des années 2000 sur le site de rencontre gay Yarps. Internet, à ses balbutiements, rebat déjà les cartes de la drague. Jérémy Bilien tente, comme il peut, de s’échapper d’une enfance cabossée passée en région parisienne, entre les coups de son père alcoolique et les tentatives de suicide de sa mère, puis dans un foyer de la Ddass.

Il vient d’obtenir un BEP d’hôtellerie et a trouvé un travail de vendeur dans la téléphonie mobile. Jérémy tombe sous le charme d’Alexandre, de quatorze ans son aîné, gueule d’ange et sosie presque parfait de Morten Harket, le leader du groupe de new wave a-ha (Take on Me). « Alexandre était très beau gosse, [avait] beaucoup d’élégance, un charisme assez perturbant », nous raconte aujourd’hui Jérémy Billien, par visio depuis une pièce plongée dans la pénombre.


L’irrésistible orphelin

Pour leur première rencontre, Alexandre Despallières invite Jérémy Bilien à un défilé de mode organisé par son frère, Jean-Michel, avant que la soirée ne se prolonge dans un grand restaurant. Alexandre se présente comme le dirigeant d’une société de cinéma américaine prospère, écrivain à ses heures. Il affirme aussi être apparenté à la famille Rothschild. Bilien, ancien enfant placé, est flatté qu’un homme de cette importance pose son regard sur lui. « Je suis tombé amoureux d’Alexandre et, le temps passant, notre relation a évolué d’une relation amoureuse à une relation fraternelle, paternelle », dira-t-il aux enquêteurs.

Dès le mois de novembre 2000, Jérémy Bilien s’installe dans l’appartement des parents de son compagnon, à Bois-Colombes, près de Paris. Puis présente à son tour Alexandre Despallières à sa famille. La mère de Bilien est ravie, et se souviendra d’un couple « uni et souriant ». Ce qu’elle ignore, c’est qu’Alexandre Despallières encourage son ami à rompre avec les siens. « Elles te tirent vers le bas », lui assène-t-il au sujet de sa mère et de sa sœur. Avant de dénigrer ses amis, qui ne seraient pas eux non plus « dignes » de lui.

Bilien s’isole, accepte de partir vivre aux Etats-Unis avec Alexandre Despallières. Ce dernier vient de perdre ses parents, morts tous les deux dans des conditions suspectes. A Los Angeles, toutes les portes semblent s’ouvrir devant l’orphelin, capable de décrocher une réservation en dernière minute à l’Hôtel Beverly Hills en pleine saison des Oscars.

En octobre 2002, Alexandre Despallières se fait même adopter par Marcelle Becker, une riche veuve de Beverly Hills qui vient de perdre son fils. Jérémy Bilien dira plus tard trouver l’idée saugrenue mais assiste néanmoins à l’audience d’adoption. Marcelle Becker finira par répudier son « fils », qu’elle soupçonne d’avoir tenté de l’empoisonner.
Faux cancer et proxénétisme

S’ensuivent plusieurs mois de galère. Les revenus du couple se tarissent. Jérémy Bilien constate que l’attitude d’Alexandre Despallières, dont il se dit « très épris », change. Il raconte qu’« Alex » le bat, dénigre tout ce qu’il entreprend. « Alexandre a même reproduit certaines scènes de violence que je lui avais raconté avoir vécues enfant avec mon père », dira-t-il.

Leur relation prend un tour encore plus sordide quand Despallières annonce à Bilien qu’il est en train de mourir – il se dit atteint d’une tumeur cérébrale – et lui demande de lui « assurer une fin de vie digne » en se prostituant. Jérémy Bilien s’exécute « jusqu’à six fois par semaine », dira-t-il. Il pense un temps revenir en France, mais Despallières s’y oppose et confisque son passeport. Quand la mère de Jérémy Bilien retrouve son fils, en 2007, elle constate qu’il est « l’ombre de lui-même ». Elle le décrira « apeuré et fermé ».


En avril 2008, Despallières offre à son ami un « voyage surprise » en Australie. Alexandre veut en réalité reconquérir Peter Ikin, à qui il propose le mariage, lui annonçant qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre. Jérémy Bilien se dit proche du producteur d’Elton John, qui l’appelle « my son ». Bilien le ­surnomme en retour « mama ». Ikin est pour Bilien son « compagnon de bouteille », comme ce dernier le désigne : capables de descendre deux ou trois bouteilles de chablis ou de pinot noir par soirée.

Bilien est l’un des deux témoins invités au mariage célébré avec plusieurs rails de cocaïne le 8 octobre 2008 à Londres. Avant de s’installer avec Despallières dans ­l’appartement de Chelsea d’Ikin. Il est présent avec son ami à l’Hôtel Abba Montparnasse, lors des derniers moments du producteur. Il assure avoir assisté à une discussion entre Peter Ikin et un médecin qui lui reprochait d’avoir « fait le con avec le paracétamol ». Ikin décède le 12 novembre 2008. Intoxication due aux antidouleurs, diront des expertises ultérieures.

Testament bidon

Après la mort du producteur, Despallières est censé hériter de la fortune de son mari. Problème : le testament signé par Peter Ikin aurait été volé. Alexandre demande à Jérémy Bilien de l’aider à fabriquer un duplicata. Son ami rechigne, puis s’exécute face au « chantage affectif » de Despallières. Les deux complices bricolent le faux testament avec une photocopieuse en le vieillissant sur un radiateur pour lui donner un air authentique. Puis Jérémy Bilien demande à son ex Vincent Bray de signer le document : ce dernier sera également renvoyé pour « usage de faux » et « complicité d’usage de faux ».

Quand Despallières hérite finalement de Peter Ikin, le duo mène grand train plusieurs semaines : il s’installe avec des amis dans un château de la campagne anglaise loué « 70 000 livres » par mois (plus de 95 000 euros à l’époque). « Jérémy Bilien a participé activement à l’élaboration ainsi qu’à l’enregistrement du faux testament de Peter Ikin et a bénéficié financièrement de la commission des infractions de faux et usage », plaide Me Marion Grégoire, ­l’avocate du neveu de Peter Ikin, Gary Peritt.
L’avocate de Jérémy Bilien, Solenn Le Tutour, met, quant à elle, en avant la « forme très profonde et très malsaine de sujétion psychologique » mise en place par Alexandre Despallières, poussant Jérémy Bilien à « commettre une infraction pour son bénéfice ». Devant les enquêteurs, Bilien a semblé d’abord défendre Despallières.

Lors de sa première audition, en juin 2010, il vit rue Monsieur-le-Prince, dans le 6e arrondissement de Paris, dans un appartement payé entre « 6 000 et 7 000 euros » par mois par son alter ego. Il dit avoir « du mal » à croire qu’Alexandre Despallières ait pu empoisonner Ikin. Mis en examen, Jérémy Bilien est placé six mois en détention provisoire ce même été 2010. Il racontera son séjour en prison comme une « libération » paradoxale : il aurait pris conscience à quel point il avait été « naïf et endoctriné » par son ancien amant.

« Alexandre Despallières était une personne machiavélique et malveillante prête à faire faire aux autres des choses très discutables pour arriver à ses fins », nous dit-il aujourd’hui. Et de résumer son parcours par cette formule terrible : « Après une enfance pourrie, j’ai eu le malheur de rencontrer un mec pourri. »

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Mr Tambourine Man

Lisetoct


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