la cellule Athanor

Réseau franc-maçon de tueurs : au cœur de l’inquiétante cellule Athanor, des profils psy passe-partout

Dans cette officine mêlant donneurs d’ordres et tueurs à gages apparaissent des personnes « normales », selon les expertises psychiatriques des principaux mis en examen.

Aucune pathologie mentale. Aucune dangerosité psychiatrique. Aucune addiction. Les expertises psychiatriques des principaux mis en cause du dossier « Athanor », du nom de cette loge maçonnique dévoyée au sein de laquelle une officine de tueurs à gages s’est nichée, révèlent des personnalités normales d’un point de vue médical. Ce diagnostic conforte leur responsabilité pénale : leur discernement n’était pas atteint lors de la commission des actes qu’on leur reproche.

Ces expertises, réalisées par le Dr Vincent Mahé et récemment versées au dossier de cette instruction ouverte depuis trois ans, offrent néanmoins des pistes pour comprendre la bascule de ces hommes et femmes ordinaires vers des projets criminels sophistiqués. Où l’on découvre une galerie de personnages tombés dans un fol engrenage pour assouvir leur quête de reconnaissance et combler des failles narcissiques.

Pour l’heure, 23 personnes — commanditaires, donneurs d’ordre, fournisseurs d’armes ou de véhicules, exécutants — ont été mises en examen dans ce dossier tentaculaire instruit à Paris. De nombreux contrats ont été attribués à cette cellule informelle, dont l’un a abouti à la mort en 2018 d’un ancien pilote de course, Laurent Pasquali. L’enquête vise aussi le projet d’assassinat d’un syndicaliste dans l’Ain, l’agression d’un élu de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) ou bien encore celle d’un couple d’entrepreneurs de Seine-et-Marne.

Un ex-journaliste passionné d’espionnage, au « fort besoin de réussite personnelle »
Mais l’affaire démarre le 24 juillet 2020, avec l’interpellation fortuite, au petit matin, de deux militaires de la DGSE garés dans une voiture à Créteil (Val-de-Marne), une arme à portée de main. Pierre B. et Carl E., alias « Dagomar » et « Adelard », racontent qu’ils sont en mission avec pour ordre de tuer Marie-Hélène Dini, une espionne censée être à la solde des services secrets israéliens. Il n’en est rien. Cette quinquagénaire est une coach en entreprise tout à fait respectable qui vient d’échapper à une incroyable machination.

L’enquête a depuis permis de retracer ce scénario digne du « Bureau des légendes ». L’homme qui a commandé la « neutralisation » de Marie-Hélène Dini est un de ses concurrents. Ce chef d’entreprise aigri a fait part de son ressentiment au vénérable de sa loge maçonnique, Frédéric V. Cet ancien journaliste reconverti dans la communication se révélera être le point d’entrée des différents contrats de l’officine.

Face à l’expert psychiatre, cet homme de 52 ans passionné d’espionnage, se décrit comme un simple intermédiaire. Le praticien décèle chez lui « quelques traits narcissiques, un fort besoin de réussite personnelle, une certaine susceptibilité et une priorité accordée à ses intérêts personnels ». L’expert estime qu’il n’est pas encore engagé dans une démarche introspective.

Un ancien policier qui trouve « une forme de renaissance existentielle »
Tous les sombres projets aimantés par Frédéric V. étaient ensuite confiés à Daniel B., un ancien policier des renseignements généraux qu’il a initié dans sa loge. Moqué pour son physique eurasien (sa mère est vietnamienne), ce fils illégitime élevé par un beau-père violent, alcoolique et humiliant avait, semble-t-il, trouvé dans la police une identité et une utilité. Son départ à la retraite en 2010 est vécu comme « une forme de mort sociale ».

Le décès de sa mère en 2008 renforce cette impression de vide. Sa rencontre avec Frédéric V. est alors perçue comme « une forme de renaissance existentielle ». « Il a su me revaloriser », expliquera Daniel B. à l’expert psychiatre.

Mais le Dr Mahé relève aussi les mensonges de celui qui prétendait être un agent des services secrets en charge de « missions d’État ». « Il pourrait s’agir d’une simple manipulation utilitaire, mais l’on ne peut écarter la dimension psychopathologique de cette attitude, tant le besoin de survie existentielle paraît avoir imprégné son identité et son existence », souligne l’expert. Son interpellation est un brutal retour à la réalité, matérialisé par une tentative de suicide en détention, dont cet homme de 69 ans a conservé de lourdes séquelles.

Un agent de sécurité se décrivant comme « un petit soldat loyal »
L’ancien policier faisait exécuter toutes ses missions par Sébastien L. Cet agent de sécurité de 33 ans a reconnu sa participation active à presque tous les contrats de l’officine, dupé, dit-il, par les bobards de son mentor. « Je peux pas arrêter, j’avais prêté serment ; on est fidèle, loyal, et j’ai une confiance totale ; j’avais une relation père-fils avec Daniel B. », livrera-t-il à l’expert. « Si la relation a pris ce tour, c’est aussi du fait du besoin personnel de Sébastien L., en recherche de modèle identificatoire idéalisé et en besoin de valorisation, de reconnaissance personnelle et de toute-puissance », précise le psychiatre.

Véritable bras armé de la cellule, Sébastien L. a enchaîné les actions violentes envers des personnes qui lui étaient totalement étrangères — il a notamment participé au meurtre du pilote Laurent Pasquali. « Les conséquences, gravissimes, de ces « actions d’État » étaient finalement négligeables au regard du sentiment d’utilité, de puissance et de valeur que ses actions lui procuraient. S’il se décrit comme un petit soldat loyal (…), on ne doit pas oublier les intérêts personnels, narcissiques qu’il pouvait en tirer », analyse le Dr Mahé. En détention provisoire depuis trois ans, Sébastien L. « a apparemment pris la mesure de la gravité des faits », ajoute l’expert.

Un soldat fragilisé dans une « impasse professionnelle »
En bout de chaîne, le soldat Pierre B. était sur le point de s’en prendre à Marie-Hélène Dini quand il a été arrêté. Affecté à la surveillance de la base de Cercottes (Loiret) de la DGSE, cet homme de 31 ans décrit comme immature avait échoué à deux reprises au concours d’officier et se sentait « prisonnier de sa situation ». Il a aussi expliqué au Dr Mahé qu’il avait été très marqué par le décès sous ses yeux d’un de ses camarades lors d’un entraînement en 2019.

« On peut (…) convenir que Monsieur B. était à l’époque des faits dans un état psychique particulier (mais non pathologique), mêlant ses traits de personnalité de base (ambitions, besoin de reconnaissance), mais également des sentiments de déception, un sentiment d’échec et d’impasse professionnelle, et des éléments post-traumatiques. Si l’on ne peut pas qualifier cet état de pathologique, on peut convenir qu’il était dans une disposition d’esprit l’amenant à être particulièrement sensible à des propositions valorisantes, ambitieuses et amenant la reconnaissance, même si elles relevaient du mirage », conclut l’expert. Ce jeune père de famille a récemment été remis en liberté.

L’information judiciaire se poursuit. Mais, selon plusieurs sources, les investigations toucheraient à leur fin.

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J'espère que cette officine criminelle de francs-maçons va être mise sur le gril pour l'assassinat de Daniel Forestier, un agent de la DGSE.

Certains y voient un rapport avec la tuerie de Chevaline :
"En février 2021, la police retrouve chez le commanditaire présumé du projet d'assassinat de Marie-Hélène Dini, Jean-Luc Avella Bagur, des munitions de Luger P06. Ces munitions sont rares et ont été utilisées lors de la tuerie de Chevaline. Cette découverte entraîne le réexamen du dossier pour tenter de faire le lien entre les deux affaires."
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Quant à moi, je pense plus à un loup solitaire sans véritable mobile.

Je n'avais pas encore vu ces messages en parlant justement de cette bande sur le sujet de Chevaline, merci Kassandra.
J'espère qu'on en saura plus.

Kassandra88 a écrit:Réseau franc-maçon de tueurs : au cœur de l’inquiétante cellule Athanor, des profils psy passe-partout

Dans cette officine mêlant donneurs d’ordres et tueurs à gages apparaissent des personnes « normales », selon les expertises psychiatriques des principaux mis en examen.

Aucune pathologie mentale. Aucune dangerosité psychiatrique. Aucune addiction. Les expertises psychiatriques des principaux mis en cause du dossier « Athanor », du nom de cette loge maçonnique dévoyée au sein de laquelle une officine de tueurs à gages s’est nichée, révèlent des personnalités normales d’un point de vue médical. Ce diagnostic conforte leur responsabilité pénale : leur discernement n’était pas atteint lors de la commission des actes qu’on leur reproche.

Ces expertises, réalisées par le Dr Vincent Mahé et récemment versées au dossier de cette instruction ouverte depuis trois ans, offrent néanmoins des pistes pour comprendre la bascule de ces hommes et femmes ordinaires vers des projets criminels sophistiqués. Où l’on découvre une galerie de personnages tombés dans un fol engrenage pour assouvir leur quête de reconnaissance et combler des failles narcissiques.

Pour l’heure, 23 personnes — commanditaires, donneurs d’ordre, fournisseurs d’armes ou de véhicules, exécutants — ont été mises en examen dans ce dossier tentaculaire instruit à Paris. De nombreux contrats ont été attribués à cette cellule informelle, dont l’un a abouti à la mort en 2018 d’un ancien pilote de course, Laurent Pasquali. L’enquête vise aussi le projet d’assassinat d’un syndicaliste dans l’Ain, l’agression d’un élu de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) ou bien encore celle d’un couple d’entrepreneurs de Seine-et-Marne.

Un ex-journaliste passionné d’espionnage, au « fort besoin de réussite personnelle »
Mais l’affaire démarre le 24 juillet 2020, avec l’interpellation fortuite, au petit matin, de deux militaires de la DGSE garés dans une voiture à Créteil (Val-de-Marne), une arme à portée de main. Pierre B. et Carl E., alias « Dagomar » et « Adelard », racontent qu’ils sont en mission avec pour ordre de tuer Marie-Hélène Dini, une espionne censée être à la solde des services secrets israéliens. Il n’en est rien. Cette quinquagénaire est une coach en entreprise tout à fait respectable qui vient d’échapper à une incroyable machination.

L’enquête a depuis permis de retracer ce scénario digne du « Bureau des légendes ». L’homme qui a commandé la « neutralisation » de Marie-Hélène Dini est un de ses concurrents. Ce chef d’entreprise aigri a fait part de son ressentiment au vénérable de sa loge maçonnique, Frédéric V. Cet ancien journaliste reconverti dans la communication se révélera être le point d’entrée des différents contrats de l’officine.

Face à l’expert psychiatre, cet homme de 52 ans passionné d’espionnage, se décrit comme un simple intermédiaire. Le praticien décèle chez lui « quelques traits narcissiques, un fort besoin de réussite personnelle, une certaine susceptibilité et une priorité accordée à ses intérêts personnels ». L’expert estime qu’il n’est pas encore engagé dans une démarche introspective.

Un ancien policier qui trouve « une forme de renaissance existentielle »
Tous les sombres projets aimantés par Frédéric V. étaient ensuite confiés à Daniel B., un ancien policier des renseignements généraux qu’il a initié dans sa loge. Moqué pour son physique eurasien (sa mère est vietnamienne), ce fils illégitime élevé par un beau-père violent, alcoolique et humiliant avait, semble-t-il, trouvé dans la police une identité et une utilité. Son départ à la retraite en 2010 est vécu comme « une forme de mort sociale ».

Le décès de sa mère en 2008 renforce cette impression de vide. Sa rencontre avec Frédéric V. est alors perçue comme « une forme de renaissance existentielle ». « Il a su me revaloriser », expliquera Daniel B. à l’expert psychiatre.

Mais le Dr Mahé relève aussi les mensonges de celui qui prétendait être un agent des services secrets en charge de « missions d’État ». « Il pourrait s’agir d’une simple manipulation utilitaire, mais l’on ne peut écarter la dimension psychopathologique de cette attitude, tant le besoin de survie existentielle paraît avoir imprégné son identité et son existence », souligne l’expert. Son interpellation est un brutal retour à la réalité, matérialisé par une tentative de suicide en détention, dont cet homme de 69 ans a conservé de lourdes séquelles.

Un agent de sécurité se décrivant comme « un petit soldat loyal »
L’ancien policier faisait exécuter toutes ses missions par Sébastien L. Cet agent de sécurité de 33 ans a reconnu sa participation active à presque tous les contrats de l’officine, dupé, dit-il, par les bobards de son mentor. « Je peux pas arrêter, j’avais prêté serment ; on est fidèle, loyal, et j’ai une confiance totale ; j’avais une relation père-fils avec Daniel B. », livrera-t-il à l’expert. « Si la relation a pris ce tour, c’est aussi du fait du besoin personnel de Sébastien L., en recherche de modèle identificatoire idéalisé et en besoin de valorisation, de reconnaissance personnelle et de toute-puissance », précise le psychiatre.

Véritable bras armé de la cellule, Sébastien L. a enchaîné les actions violentes envers des personnes qui lui étaient totalement étrangères — il a notamment participé au meurtre du pilote Laurent Pasquali. « Les conséquences, gravissimes, de ces « actions d’État » étaient finalement négligeables au regard du sentiment d’utilité, de puissance et de valeur que ses actions lui procuraient. S’il se décrit comme un petit soldat loyal (…), on ne doit pas oublier les intérêts personnels, narcissiques qu’il pouvait en tirer », analyse le Dr Mahé. En détention provisoire depuis trois ans, Sébastien L. « a apparemment pris la mesure de la gravité des faits », ajoute l’expert.

Un soldat fragilisé dans une « impasse professionnelle »
En bout de chaîne, le soldat Pierre B. était sur le point de s’en prendre à Marie-Hélène Dini quand il a été arrêté. Affecté à la surveillance de la base de Cercottes (Loiret) de la DGSE, cet homme de 31 ans décrit comme immature avait échoué à deux reprises au concours d’officier et se sentait « prisonnier de sa situation ». Il a aussi expliqué au Dr Mahé qu’il avait été très marqué par le décès sous ses yeux d’un de ses camarades lors d’un entraînement en 2019.

« On peut (…) convenir que Monsieur B. était à l’époque des faits dans un état psychique particulier (mais non pathologique), mêlant ses traits de personnalité de base (ambitions, besoin de reconnaissance), mais également des sentiments de déception, un sentiment d’échec et d’impasse professionnelle, et des éléments post-traumatiques. Si l’on ne peut pas qualifier cet état de pathologique, on peut convenir qu’il était dans une disposition d’esprit l’amenant à être particulièrement sensible à des propositions valorisantes, ambitieuses et amenant la reconnaissance, même si elles relevaient du mirage », conclut l’expert. Ce jeune père de famille a récemment été remis en liberté.

L’information judiciaire se poursuit. Mais, selon plusieurs sources, les investigations toucheraient à leur fin.

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Bonjour et merci, très intéressant.

Je n'ose imaginer ce que l'on aurait lu si certains internautes avaient osé envisager un tel scénario sur des affaires de ce forum. "Fantasme hollywoodien, on n'est pas dans un James Bond, la réalité est bien moins romanesque " etc etc.

Tristanduvar a écrit:J'espère que cette officine criminelle de francs-maçons va être mise sur le gril pour l'assassinat de Daniel Forestier, un agent de la DGSE.

Quant à moi, je pense plus à un loup solitaire sans véritable mobile.

Bonjour,
J'ajoute ce lien datant de 4 ans.
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Mystère autour de l’assassinat d’un ex-agent de la DGSE : «Celui qui l’a tué est un pro»
Cinq mois après le meurtre de Daniel Forestier, ses proches, comme les enquêteurs, sont convaincus que cet ex-agent de la DGSE a été abattu en Haute-Savoie par des tueurs professionnels. Personne ne sait pourquoi.

Son passé d'agent secret a resurgi le 21 mars. Une heure après sa visite à sa voisine, Daniel Forestier est exécuté à moins de 20 km de Lucinges. Quelques instants plus tôt, il avait reçu un coup de téléphone de l'étranger, de Suisse, selon nos informations. « Un patient », dit-il à sa femme. À 14h30, sur un parking avec vue sur le lac Léman, Daniel Forestier est atteint de cinq balles.

Une balle touche le cœur, une autre la tête, à bout portant. « Une exécution, souffle une source policière. Du travail de pro. » Cinq mois plus tard, selon nos informations, la police judiciaire (PJ) de Lyon se heurte à un mur. Pas d'ADN, pas d'empreintes… Des témoins ont entendu les tirs mais n'ont rien vu. Même les douilles laissées sur place semblent l'avoir été sciemment, comme si le tueur (sous réserve qu'il n'y en ait qu'un) savait qu'elles ne permettraient pas de remonter jusqu'à lui.

Complément d'enquête :
Meurtre, espions et francs-maçons : l’incroyable affaire Athanor.
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Merci Tristan,

Je l'ai regardé lors de sa diffusion. Ca dépasse l'imagination n'est ce pas ? La réalité dépasse pourtant souvent la fiction, c'est juste que c'est difficile d'envisager ce dont des humains sans conscience (et donc frappés d'une forme de crétinerie) sont capables ...

Documentaire de bonne facture mais tourné trop tôt selon moi même si c'est important que l'affaire soit médiatisée.
C'est quand même d'une bêtise sans nom.. Il y en a pas un pour sauver l'autre.

Ballaison : la mort mystérieuse d’un ancien agent secret
Dans le cadre de la série de podcasts que vous propose le Groupe Le Messager sur les grandes affaires criminelles des Pays de Savoie, retour sur l’assassinat d’un ex-espion à Ballaison. Du Congo au Kazakhstan, les pistes ne manquent pas mais l’affaire est toujours irrésolue.
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