Le meurtre de Ghislaine Marchal

2024

Omar Raddad « toujours déterminé à être blanchi », 30 ans après sa condamnation
Le 2 février 1994, Omar Raddad est condamné pour le meurtre de Ghislaine Marchal, la femme qui l’employait en tant que jardinier. Trois décennies plus tard, son avocate, Me Sylvie Noachovitch, raconte à Paris Match son combat pour « faire éclater la vérité »

Il continue de clamer son innocence. Dans l’une des affaires criminelles les plus célèbres de France, Omar Raddad a été condamné le 2 février 1994 à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises des Alpes-Maritimes. La justice reprochait au jardinier marocain d’avoir assassiné sa patronne Ghislaine Marchal, trois ans auparavant.

« Il est toujours dans le même état d’esprit : combatif, convaincu que la vérité finira par éclater, toujours déterminé à être blanchi. C’est le combat de sa vie. »
Me Sylvie Noachovitch, avocate d'Omar Raddad.

Depuis le début de cette saga judiciaire pleine de mystères entourant le scénario du crime, Omar Raddad se bat pour demander la tenue d'un nouveau jugement et enfin être acquitté. Dernière bataille en date : la requête en révision de son procès, examinée le 13 octobre 2022 et rejetée par la cour de cassation au terme d’une procédure engagée depuis 2021. La justice a refusé de prendre en compte les nouveaux éléments apportés au dossier, notamment des analyses ADN récentes.

Toulon, une vie discrète et combative
Plus d’un an après ce verdict décevant pour la défense, Omar Raddad mène toujours une vie discrète à Toulon, dans le Var. « Il va bien, il est en bonne santé, mais il est évidemment très déçu par cette dernière requête en révision rejetée », explique son avocate Me Sylvie Noachovitch à Paris Match.

« Nous avons des éléments dont des témoignages intéressants et des traces ADN qui vont nous permettre de demander une nouvelle révision du procès. »
Me Sylvie Noachovitch, avocate d'Omar Raddad.

Malgré la déception, l’homme de 61 ans reste convaincu qu’il finira par être lavé de tout soupçon. « Il est toujours dans le même état d’esprit : combatif, convaincu que la vérité finira par éclater, toujours déterminé à être blanchi. C’est le combat de sa vie », résume, admirative, son conseil avant d’ajouter : « c’est aussi ma conviction. On a la même détermination. Je sais que je suis engagée dans une belle cause, une cause juste », abonde Me Noachovitch.

Après Jacques Vergès, Sylvie Noachovitch
Défendu au départ par l’illustre avocat Jacques Vergès, Omar Raddad voit depuis 2008 son dossier porté à bras-le-corps par Me Sylvie Noachovitch, quitte « à prendre des coups ». « On a noué une complicité. On s’appelle une fois par mois pour faire le point. Il me livre ses ressentis. Sa volonté est extraordinaire. C’est ça qui me donne de la force de me battre, car ce n’est pas facile tous les jours », dit-elle, amusée.

Celle qui avait annoncé saisir la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) après le dernier rejet en révision du procès se prépare à remonter au front. « Nous avons des éléments dont des témoignages intéressants et des traces ADN qui vont nous permettre de demander une nouvelle révision du procès », indique l’avocate avant de conclure : « Je lance un appel à tous ceux qui pourraient nous apporter des témoignages en vue de cette demande en révision ».

Une porte maculée de sang au coeur de l'enquête
Et dans ce dossier, les preuves ont souvent manqué pour comprendre ce qui est arrivé à Ghislaine Marchal le 24 juin 1991. Ce soir-là, cette riche veuve de 65 ans est retrouvée sans vie par les gendarmes dans la cave barricadée de sa luxueuse villa La Chamade à Mougins (Alpes-Maritimes), surplombant la baie de Cannes. La vieille dame, qui n’a pas donné de nouvelle depuis la veille, a été sauvagement agressée : des coups violents à la tête portés avec un chevron ainsi qu’une dizaine de coups de couteau avaient été constatés.

Autour de la victime, deux inscriptions accusatoires en lettres de sang recouvrent une porte blanche menant à une cave à vin : « Omar m’a tuer ». Une seconde phrase est inscrite de nouveau partiellement sur la porte d’une chaufferie : « Omar m’a t ». Rapidement, les enquêteurs font le lien avec le jardinier de la victime, devenu le principal suspect. Un accusé qui a toujours nié les faits face aux enquêteurs

Deux ans après la condamnation d’Omar Raddad à 18 ans de prison, l’affaire prend un tournant inattendu avec l’intervention de Jacques Chirac. Le président de la République de l’époque gracie partiellement Omar Raddad le 23 mai 1996, réduisant sa peine à huit mois de prison. En septembre 1998, le jardinier est libéré, mais pas innocenté.

Par Hakim Mokadem
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